Archives de l’auteur : Bernard Rastoin

Les Aventures du Corps Sans Organe

C’était à Michto, un squat de Montreuil où j’avais été convié à une fête par mon pote Benoît. Arrivé sur place, je commence à discuter avec les uns et les autres, dont un certain Kader qui me demande comme ça, mi-rigolard mi-sérieux, si j’ai un hobby dans la vie. Ne sachant trop quoi répondre, je finis par dire que c’est peut-être la bande dessinée qui en tient lieu, pas vraiment un hobby ni tout à fait un métier non plus, quelque chose entre les deux plus ou moins, je vous laisse imaginer.

Ça lui plaît drôlement, à Kader, cette histoire de bande dessinée. Alors, joignant le geste à la parole, il s’empare d’un carnet de post-it traînant devant nous, et se met à y dessiner une tête. Puis je m’en empare à mon tour, et y ajoute un buste, ainsi qu’un bras tenant un œuf dans sa main. Je ne sais plus qui suggère la réplique venant s’inscrire dans cette première case. Benoît qui passait par là glisse une allusion au corps sans organe, une théorie de Gilles Deleuze à laquelle je ne suis pas sûr de tout comprendre mais qui me fait venir plein d’étranges images poétiques dans la tête.

Kader, à son tour, complète d’une case supplémentaire. Puis tout le monde part danser, et je me retrouve à poursuivre ce début dans l’impro la plus totale. Le résultat, que vous pouvez découvrir ci-dessous, mériterait probablement d’être retravaillé pour ressembler à quelque chose d’abouti. Mais tel quel, il me fait bien marrer (j’espère que vous aussi), et surtout, il contient en germe cette manière originale et surprenante de faire de la bande dessinée, à laquelle je n’aurais sans doute jamais pensé sans ces circonstances qui lui ont donné naissance.

Merci, donc, à Kader, Benoît et aux autres contributeurs de passage, en attendant peut-être de reprendre un jour (à plusieurs, bien sûr) les aventures du corps sans organe, de Riri le rectificateur et de leurs autres amis…

LADCSO-1

Les Aventures du Corps Sans Organe
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Voir aussi :
Marabout d’Cheval (présentation)
Ils sont d’ailleurs
On dirait qu’on serait dans une forêt…

La Lettre du CRAPO N°1

Et voilà que se termine la première année d’existence des éditions du CRAPO, riche en émotions et tribulations diverses. En fait, il s’est passé tellement de choses, durant ces quelques mois d’activité, qu’il a fallu condenser un peu pour en relater l’essentiel à travers la bande dessinée qui suit !

Celle-ci figurait au sommaire du Képa du CRAPO N°2, que nos abonnés ont découvert dans leur boîte aux lettres au début du mois de décembre.

Également au menu, Le Toimoinou et la forêt des rêves, album qui a vu le jour lors d’ateliers participatifs animés cet été avec l’association Les Parques dans le secteur place de Vénétie / Villa d’Este (Paris 13e). Plus de 30 participants âgé de 6 à 59 ans, pour un résultat entièrement collectif où le dessin des uns et des autres s’est mêlé au sein de chaque case !

Enfin pour compléter le sommaire de cet envoi figurait le # 0 de Tour À Tour, petit journal de quartier dont vous avez déjà pu découvrir un court extrait, et qui devrait s’incarner un de ces jours sous un nouvel avatar. On vous en reparle dès qu’il y a du nouveau.

 En attendant, un grand merci à tous ceux qui nous ont soutenu sous une forme ou sous une autre, permettant que cette aventure se poursuive.

Sans que l’on sache toujours où elle nous emmène… Mais c’est le propre des aventures, n’est-ce pas ?

LLDC-1-web-1La suite c’est par là !

 

Comme elle vient !

Et voici (encore) le début d’une nouvelle série, où il est question du temps qui passe et du présent qui nous file entre les doigts…

A suivre prochainement (mais si mais si), avec de nouvelles pages et tout plein de précisions sur la nature exacte de ce pour le moins étrange projet, conçu spécialement pour l’aménagement de vos toilettes !

CEV-1A-webA suivre…

 

Vite fait :-)

Ces derniers temps aux éditions du CRAPO, on s’affaire drôlement sur un projet de BD collaborative ouverte à tous, réalisée en public et en direct, sous le titre MARABOUT D’ CHEVAL.

Alors histoire de s’échauffer, on s’est lancé dans de petites histoires comme celle ci-dessous, improvisée en un minimum de temps (qui a dit ça se voit ?) depuis l’idée de départ jusqu’à l’ultime coup de pinceau.

Plus d’infos dès que MARABOUT D’ CHEVAL aura entamé son galop majestueux !

MDC-Internet-V2Voir aussi >>>

Ben ça s’est plutôt bien passé, finalement…

Marabout d’Cheval épisode 3 (2/4)

Invitées par l’association Les Parques, les éditions du CRAPO se sont lancées dans l’animation d’ateliers BD dans le quartier Place de Vénétie / Villa d’Este (Paris 13e). Objectif : un album collectif réalisé à la fin de l’été avec tous les enfants participants ! Mais c’est pas gagné d’avance, en vrai…

J’ai rendez-vous le 9 juillet pour mon premier « vrai » atelier de bande dessinée. L’épisode précédent, place de Rungis, s’était déroulé de manière plutôt sympathique, mais avait simplement consisté à faire dessiner les enfants sur un thème, sans aboutir au résultat escompté (la production d’une BD collective impliquant l’ensemble des participants).

N’empêche que, comme cette fois-là, j’ai super le trac et que je ne sais pas du tout comment va se dérouler la séance.

Normalement, l’atelier devait se tenir à l’extérieur, mais vu qu’il pleut à verse, on se rapatrie à l’intérieur du Centre Social 13 Pour Tous, partenaire du projet. De plus, l’atelier étant gratuit et ouvert à tous, on ignore combien d’enfants vont venir !

Au début, je crains qu’ils ne soient pas assez nombreux… Puis ils arrivent les uns après les autres, et je finis par me demander si on ne risque pas d’être débordé par cette affluence spectaculaire ! 

Bonjour les enfants, c'est gentil d'être venus ! Vous serez sages, hein ? Promis ?

Bonjour les enfants, c’est gentil d’être venus ! Vous serez sages, hein ? Promis ?

Heureusement, Julie a beaucoup plus d’expérience que moi de ce type de situation, et a tout prévu pour faire fonctionner le groupe.

Elle commence par organiser un jeu de présentation, permettant à chacun de faire connaissance et de se mettre dans l’ambiance. Sophie, 13 ans, nous impressionne carrément en retenant tous les prénoms (plus de quinze) dès la première fois !

Durant toute la séance, avec Clara, la stagiaire des Parques, Julie va aussi stimuler les enfants par ses suggestions, leur proposant d’ajouter des détails concrets pour donner plus de consistance aux créatures qu’ils sont en train d’inventer : ce qu’elles mangent, où elles habitent, leur taille, leur poids…

Autre astuce destinée à favoriser l’approche collective, nos dessinateurs en herbe œuvrent sur les mêmes rouleaux de papier disposés le long des tables.

"Hé, arrête de dessiner sur mon dessin d'abord ! - Arrête toi-même ! C'est toi qu'as commencé !

« Hé, arrête de dessiner sur mon dessin d’abord !
– Arrête toi-même ! C’est toi qu’as commencé ! »

Afin que tout se passe pour le mieux, Julie a aussi convié une amie, Stella Lory, talentueuse illustratrice et auteure de BD, afin de me donner un coup de main pour conduire l’atelier. Tout au long de ces semaines, elle se révélera d’un appui inestimable tant par son apport graphique que par ses interventions auprès des enfants. Mais n’anticipons pas…

Malgré toutes les précautions prises, l’imprévu est souvent au rendez-vous d’un atelier…  mais pas toujours où on l’attend ! La veille, un peu impressionné par l’ampleur du projet, j’ai préféré modérer nos ambitions auprès de Julie. « Réaliser une BD de 16 pages en 10 séances d’atelier, je ne sais pas si ça va être possible… On ferait peut-être mieux de parler de livre illustré, avec une histoire qu’on imaginerait ensemble, et quelques images qui viendraient en appui… »

Créatures imaginaires : le Bernoin Rastar se reconnaît à sa grande bouche, qui lui joue parfois des tours !

Créatures imaginaires : le Bernoin Rastar se reconnaît à sa grande bouche, qui lui joue parfois des tours !

C’est donc ce qu’annonce Julie aux enfants. Et là je ne sais pas ce qui m’a pris, c’est sorti tout seul : « Non, pas un livre illustré… Plutôt une VRAIE BANDE DESSINÉE ! » Trop tard, tu l’as dit… il va falloir le faire maintenant !

Bref, l’atelier se termine, et tout s’est plutôt bien passé finalement. Personnellement, je suis à ramasser à la petite cuillère, car ça pompe une énergie dingue. Surtout, on se retrouve avec plein de dessins magnifiques dans tous les sens… et déjà je me demande comment construire un récit cohérent à partir de tous ces éléments épars !

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En vrai, ça s'est passé exactement comme ça...

En vrai, ça s’est passé exactement comme ça…

Et comme ça aussi !

Et comme ça aussi !

Julie et Clara, à fond dans le projet BD !

Julie et Clara, à fond dans le projet BD !

Quelques-unes des créatures qui figureront finalement dans l'histoire...

Quelques-unes des créatures qui figureront finalement dans l’histoire…

Et d'autres qu'on n'a pas réussi à placer ! Une prochaine fois, peut-être ?

Et d’autres qu’on n’a pas réussi à placer ! Une prochaine fois, peut-être ?

Marabout d’Cheval : présentation
Épisode 1
Épisode 2

J’ai une idée, j’ai une idée !

Marabout d’Cheval épisode 3 (3/4)

 Cette fois, ça y est : les ateliers de bande dessinée animés par les éditions du CRAPO (et chapeautés par l’association Les Parques) ont vraiment démarré ! Oui, mais comment mener à bien le projet d’album collectif lancé pour l’occasion ? La question va me tarauder durant toute la semaine séparant les deux premières séances…

Le premier atelier s’est super bien passé, OK. Et on se retrouve avec tout un tas de superbes dessins réalisés par les enfants pour l’occasion. La grande interrogation, maintenant, porte sur la manière de les transposer en bande dessinée. Faut-il laisser à chaque participant le soin de s’y atteler dans son coin ? Mais ils étaient près d’une quinzaine, la semaine dernière, et dans ce cas on ne sera sans doute pas assez nombreux pour les accompagner.

De plus, avec les vacances, tous les enfants ne seront probablement pas présents à l’ensemble des ateliers, avec le risque de laisser en rade l’histoire qu’ils auront débutée.

Va donc pour un récit unique, auquel chacun pourra contribuer selon sa présence… et son humeur !

Mais qui raconterait quoi ?

Après la 1ère séance, le découpage s'arrêtait là...

Après la 1ère séance, le découpage s’arrêtait là…

 À force de se triturer les méninges, finit par s’opérer ce fameux déclic bien connu des scénaristes de tout poil. Au lieu d’aller chercher le Toimoinou dans sa forêt cachée, c’est lui qui va venir à nous… et nous y emmener en se nourrissant des « rêves » (les dessins) produits par les enfants lors du premier atelier !

Nous voici donc, tous autant qu’on est, transportés dans la peau de personnages de BD, égarés au milieu d’une jungle mystérieuse, sous la menace d’une des créatures inventées la semaine précédente : l’autruchemuche, une espèce d’autruche unijambiste à deux têtes, l’une méchante, l’autre gentille…

Et après ? C’est aux enfants de voir ! J’esquisse un rapide découpage, qui s’étale sur huit pages, et que Julie décide de leur projeter en début de séance, puis ce sera à eux d’imaginer la suite…

Et voici la page qui en a résulté !

Et voici la page qui en a résulté !

Pour ce deuxième atelier, le baromètre étant au beau fixe, on décide de s’installer à l’extérieur. Mounir, à qui l’on doit déjà l’invention (et le nom) de l’autruchemuche, s’empare de cet embryon de récit pour lui trouver de nouveaux rebondissements.
— Et qu’est-ce qu’elle fait alors l’autruchemuche ?
— Ben elle te mange ! Ah ah ah !

Animateur d'atelier BD, un métier aux risques méconnus...

Animateur d’atelier BD, un métier aux risques méconnus…

Ça fait bien rigoler ses copains aussi. Mais comme il trouve que le sort qu’il m’a réservé est un peu trop dur, quand même, il décide de me donner une seconde chance.

— Et après, elle te pond dans un œuf… sauf que tu seras à moitié autruchemuche !

Du coup on tient la suite de l’histoire, et ce qui pourrait être sa conclusion. Reste à savoir ce qui arrive entre les deux !

On pioche des personnages et des situations dans leurs créations du premier atelier, puis on s’efforce de les lier entre eux. Mounir reste l’un des plus actifs, bondissant comme un beau diable pour nous faire partager ses trouvailles : « J’ai une idée, j’ai une idée ! » À la fin de la séance, on a un récit qui se tient… et qu’il ne reste plus qu’à mettre en images.

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Heureusement, les hibouvoles veillent au grain !

Heureusement, les hibouvoles veillent au grain !

Marabout d’Cheval : présentation
Épisode 1
Épisode 2